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Du : 23 mai 2002

 

Une décision lourde de conséquences :

 

la mainmise du ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie sur la gestion du risque nucléaire

 

Un décret important passé sous silence.

 

Ce ne sont pas les tambours et échos médiatiques (et encore moins les candidats aux élections) qui ont relayé cette information à notre avis bien plus importante que nombre de sujets abondamment claironnés quotidiennement. Et pourtant, elle est si lourde de conséquences que nous sommes incités à en faire part à nos lecteurs.

L'article publié dans le dernier numéro de Science Frontières

http://www.sciencefrontieres.free.fr

serait à citer in extenso, ainsi que les textes publiés dans le site de la Criirad

http://www.criirad.com

mais nous nous limitons à en relever et commenter certains extraits.

 

 

Dans tout ce qui suit, il ne faut pas voir la main (plutôt malheureuse) du hasard, mais une intention sous-jacente plus qu'évidente.

Le 13 février 2002, le gouvernement Jospin a décidé de confier la gestion du risque nucléaire au Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie ce qui revient à dire que les autres ministères, dont celui, capital dans ce domaine, de la Santé n'auront en fin de compte qu'un avis consultatif à donner.

Confier à ceux qui doivent tirer les bénéfices des industries touchant au nucléaire la vie de tous les français… quel danger !

C'est donc ce Ministère qui pourra décider du taux de radiations admissibles et exercer un droit d'ingérence sur tous les dossiers de santé impliquant le fonctionnement de l'industrie nucléaire en situation normale aussi bien qu'accidentelle

Pour illustrer cette situation, voici un extrait des propos recueillis par Jean-Yves Casgha auprès de Mme Michèle Rivasi, député de la Drôme, fondatrice de la Criirad.

J-Y C : " C'est également le ministère de l'Industrie et des Finances qui définira le risque de niveau acceptable en matière de radioactivité. C'est à dire que si 200.000 morts coûtent moins cher que de changer une installation, on pourrait alors décider que 200.000 morts ce n'est pas grave ?

M.R : " Tout à fait, il y a toujours un conflit entre la finance, l'économie et la santé des populations. Qui décidera du niveau de radioactivité intolérable et de retirer la nourriture, et d'assurer une protection et faire en sorte qu'il y ait le moins de cancers possible dans le cas d'un accident nucléaire comme Tchernobyl ? Dans un cas pareil il y aura un rapport de force entre les ministères de la Santé et de l'Industrie. Si l'Industrie est prioritaire, le développement du nucléaire primera.

Lorsque j'étais vice-présidente de la commission des risques technologiques et industriels, j'ai bien vu qu'on ne voulait pas considérer le citoyen français comme un adulte responsable…"

Quelques chiffres :

Le niveau de risque tolérable en situation normale : 1mS/an (milliSievert, dose de rayonnement ionisant).

L'IPSN, par l'expert qui la représente à la Commission Internationale de Protection Radiologique a décidé qu'en cas d'accident (ce que l'on nomme pudiquement en général une "excursion nucléaire" !) les familles concernées ne seront pas relogées tant que la dose ne dépassera pas 15 à 20 mS/an. Ces experts iront même jusqu'à tolérer 10mSv/mois pendant les 2 ou 3 années suivant l'accident.

C'est ce même risque " acceptable " (pour qui ?) qui a déjà provoqué en Ukraine 100.000 morts par cancers radio-induits (calculés d'après le taux de 1000mS sur une vie entière) , plus autant de cancers dits guérissables.

Ce sont des niveaux de risques que les citoyens trouveraient inacceptablessi toutefois ils en étaient informés.

Dans le dossier de Science Frontières, on apprend que le chiffre annuel moyen de l'Industrie nucléaire française est de 25 milliards de F, no comment !

Le 28 mars 2002, Mme M. Rivasi organisait à l'Assemblée Nationale un colloque sur les enjeux de la protection pris sous l'angle de ce décret du 13 février 2002. Il en résulte que :

- la santé ne sera plus un élément prioritaire

- il n'y aura plus de contre-pouvoir aux décisions de l'industrie

- la radio-protection des travailleurs ne pourra plus être assurée convenablement

De plus, au cours de ce colloque, furent présentés les documents obtenus après perquisition auprès des ministères concernés et qui prouvent de manière indubitable qu'il y avait bien eu, en 1986, une volonté politique de la part du ministère de l'Industrie de l'époque (dirigé par M. Madelin) de dissimuler des informations alarmantes sur les nuages radioactifs de Tchernobyl.

Quelle confiance, quelle crédibilité accorder aux décideurs et à des experts qu'il suffit de bien choisir pour avoir les réponses souhaitées et qui sont souvent rémunérés par les mêmes industries qu'ils sont amenés à juger ?

Ce ne sera pas la première fois que, contraintes de lever un coin du voile, les autorités auront encore à parler officiellement de " dysfonctionnements" .

Ce mot équivaut en fait à des erreurs et dissimulations graves, rappelons-nous l'amiante, la vache folle, le sang contaminé, les hormones de croissance etc.

Les ni - responsables, ni - coupables pourront rester sereins…devant leurs juges…

Dans le Monde du 2 avril 2002, Hubert Reeves, astrophysicien, donne son point de vue sur l’avenir de l’énergie nucléaire.

" Le choix du nucléaire est justifié par ses partisans aujourd’hui par l’indépendance énergétique nationale et la réduction des gaz à effets de serre. Mais un problème se pose quant à l’indépendance. Un rapport établi conjointement par l’Agence de l’OCDE pour l’énergie nucléaire (AEN) et par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), publié en 1999, affirme que les ressources d’uranium récupérables s’élèvent à 4 millions de tonnes. Sachant que les besoins annuels mondiaux des centrales nucléaires est de 60.000 tonnes d’équivalent uranium naturel, cette réserve sera épuisée bien avant la fin de ce siècle, et la Communauté européenne ne posséderait que 2% des réserves mondiales. Quant à la réduction des gaz à effets (GES) de serre, l’énergie nucléaire ne devrait pas fournir plus de 10% de l’énergie consommée en 2025 et donc sa contribution à la réduction des GES restera négligeable. Enfin, le coût du traitement des déchets nucléaires et du démantèlement des centrales sera tellement élevé qu’il implique une stabilité économique qui ne peut pas être assurée."

Hubert Reeves est venu soutenir les actions de la Criirad en signant déjà la pétition - que vous pouvez télécharger sur le site Criirad indiqué ci-dessus- et pour lequel nous vous recommandons une visite attentive, sans oublier une lecture non moins attentive du dossier " l'Industrie s'empare de la gestion du risque nucléaire" dans Science Frontières.

Malgré l'intervention de la Criirad auprès de Matignon dès le 8 février 2002(Criirad, lettre au Premier Ministre) et dont nous citons un bref passage :

" Nous voulions croire que la France finirait par demander officiellement à l'ONU la rupture de l'accord contre-nature qui lie l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) à une agence pro-nucléaire l'AIEA…ce transfert de la radioprotection au ministère de l'industrie, son placement sous l'influence directe du ministère en charge du développement de l'industrie nucléaire sonne comme une véritable provocation. "

Ce décret du 13 février 2002 est bien une véritable bombe à retardement qui va peser sur nos têtes.

Mais n'oublions pas qu'il ne suffit pas d'être contre quelque chose mais qu'il vaut mieux être pour autre chose. Notre site veut, à sa mesure, participer à l'éclosion d'un autre état d'esprit plus généreux, plus altruiste en accédant à d'autres solutions énergétiques.

Une énergie décentralisée, libérée, accessible à tous, peu chère et propre sinon gratuite ne peut que libérer les peuples et permettre d'induire la mutation de civilisation que beaucoup espèrent et qu'il faudra bien accomplir…

 




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