ENERGIE - DES SOLUTIONS POUR PRODUIRE SANS DETRUIRE L'ENVIRONNEMENT
"Il n'y a pas de crise de l'Energie, mais simplement une crise d'Ignorance" B. Fuller

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Le 29 Septembre 2003




" It's already sold " chantait naguère Félix Leclerc...

pas besoin de chercher bien loin, un regard autour de nous et on va bientôt pouvoir en dire autant....malheureusement...

Où vont mener les déréglementations, libéralisations, privatisations censées nous libérer des monopoles, alléger les organismes publics et offrir, grâce à la concurrence, plus de services au meilleur coût ?
Où cela va-t-il nous mener ?

Dans un XXI ème siècle où l'on parle encore plus de Cercles de Qualité, de Contrôle Qualité, de certification ISO 14001 par exemple, il est pour le moins incongru et de toutes façons quasiment irresponsable de laisser aux bons (enfin, ils devraient l'être) soins d'entreprises privées ne cherchant qu'à réaliser le maximum de profit, les réseaux de production - distribution d'énergie, et les réseaux ferroviaires.

Nous qui parlons souvent de décentralisation des lieux de production d'énergie, de l'autonomie des individus, et ne sommes pas spécialement attachés aux grands monopoles, nous sommes perplexes devant ces déréglementations et privatisations à tout va (va et vient car il faudra certainement revenir en arrière pour éviter que tout se grippe et que les choses puissent continuer à fonctionner sur la planète).
Jusqu'à ce qu'enfin, d'autres solutions soient mises en oeuvre, et même, seulement, envisagées sérieusement.

Des sociétés privées, dotées d'une certaine éthique, qui n'ont pas pour seul et unique but de réaliser des profits, ça existe peut-être ?

Gardant à l'esprit que de deux maux il faut choisir le moindre...voici deux exemples instructifs.

Merci à notre lecteur assidu pour nous avoir communiqué ces éléments d'informations sur l'électricité, qui font en quelque sorte suite à notre précédente nouvelle où nous évoquions la panne du 14 août aux USA.





Exemple 1

Une série d'articles parus dans Le Monde





Electricité : tension en Europe face à la flambée des prix

Edf et la plupart des électriciens européens sont en train d'acheter du courant électrique pour couvrir leurs besoins à l'approche de l'hiver, alimentant ainsi une spectaculaire hausse des prix : + 50 % sur la Bourse des prix Powernext, depuis un an. Les prix sont poussés à la hausse par l'inquiétude des producteurs sur le faible niveau des réserves d'eau des barrages, à la suite de la sécheresse de cet été, ainsi que sur les défaillances techniques des réseaux, que la panne géante italienne du 28 septembre a révélées. La facture risque d'être douloureuse pour les usagers professionnels, les particuliers restant pour l'instant "protégés" par le monopole d'EDF. Le débat est relancé sur la libéralisation du marché de l'électricité en Europe. Loyola de Palacio, commissaire européenne chargée de l'énergie, estime que les Etats et l'Union européenne doivent, le cas échéant, "parer les défaillances du marché".ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 05.11.03

Les industriels s'alarment de la flambée des prix de l'électricité

EDF et les électriciens européens sont en train d'acheter du courant pour couvrir leurs besoins à l'approche de l'hiver, alimentant l'inflation. Les grandes entreprises consommatrices d'énergie s'inquiètent des conséquences d'une libéralisation mal régulée.

+50 % ! Quel produit de consommation courante, quelle matière première pourraient se permettre d'augmenter ses prix de la sorte en quelques mois ? L'électricité ! Au mois d'octobre, sur la Bourse électrique française Powernext - qui a battu tous ses records de volume d'échanges, avec plus de 718 000 mégawatt heures (MWh) échangés - le prix moyen s'est établi à 33,7 euros le MWh d'électricité de base. En 2002 à la même époque, ce prix était de 23,7 euros/MWh.

Depuis un an, des événements climatiques ou techniques exceptionnels ont bousculé la construction en cours du marché européen de l'électricité. La sécheresse en premier lieu, qui a vidé les barrages français et scandinaves, réduisant d'autant les capacités de production de courant hydraulique. En Norvège et en Suède, les niveaux des réservoirs sont moins élevés qu'il y a un an, alors que 2002 était déjà considérée comme une année sèche. Ces bassins ne sont remplis qu'à 60 %, faute de précipitations. La Suède a dû tirer davantage sur ses barrages pour compenser l'arrêt temporaire de plusieurs réacteurs nucléaires.

En France, le niveau des retenues d'eau est inférieur de 20 % à ce qu'il devrait être en cette saison, alors même qu'EDF a dû mettre à l'arrêt deux tranches de centrales nucléaires de plus que de coutume pour maintenance. L'équivalent de 2000 MW sont de fait retirés du réseau. Certaines centrales thermiques, vieilles et mises à contribution de façon intensive cet été durant la canicule, ont aussi dû être arrêtées pour entretien.

Du coup, EDF, premier producteur et exportateur de courant en Europe, se retrouve en position d'acheteur pour couvrir ses besoins. "Au cours de la deuxième quinzaine d'octobre, nous avons acheté jusqu'à 4.000 MW", reconnaît Bruno Lescoeur, directeur de la branche énergie. Cela représente l'équivalent de la puissance installée de quatre tranches nucléaires.

Comme EDF, la plupart des électriciens européens sont en train d'acheter du courant pour couvrir leurs besoins à l'approche de l'hiver, alimentant la hausse des prix. Début octobre, la Suède avait déjà importé 10,2 millions de MWh nets, soit près de 70 % de plus que ce qui avait été importé durant toute l'année record de 1996. Les Suisses ont eu plus de chance : la canicule, cet été, a fait fondre leurs glaciers, remplissant leurs barrages.

Le coût de l'électricité augmente, donc, sans pour autant que la qualité des prestations s'améliore, bien au contraire : l'hiver qui approche s'annonce porteur de nouveaux risques de ruptures d'approvisionnements.

Les prix, certes, sont loin des niveaux délirants atteints au plus fort de la vague de chaleur - jusqu'à 2.000 euros le MWh certaines heures sur les marchés spot de Londres ou d'Amsterdam -, mais cette hausse continue est probablement durable et irréversible, compte tenu du rééquilibrage des marchés européens entre eux. "L'année 2004 est déjà à 33 euros le MWh, alors qu'en juin 2003, nous commercialisions encore notre courant à 24 euros pour l'an prochain. Et ça continue à monter", constate, perplexe, un producteur d'électricité privé, concurrent d'EDF.

Le consommateur particulier français ne verra rien de cette hausse. Du moins pas dans l'immédiat et dans cette ampleur. Il est "protégé" par le monopole public d'EDF jusqu'au 1er juillet 2007, et l'on voit mal le gouvernement autoriser des hausses trop conséquentes de tarifs en cette période de ralentissement économique.

DYSFONCTIONNEMENT DU MARCHÉ

En revanche, pour les clients dits "éligibles" à la concurrence - aujourd'hui les grandes entreprises, mais dès le 1er juillet 2004, la totalité des professionnels -, la facture risque d'être douloureuse. "Une augmentation de 10 euros du MWh, comme celle observée depuis un an, pour un site industriel qui consomme 500.000 MWh par an, c'est 5 millions d'euros à sortir, c'est souvent la marge opérationnelle du site", observe Jean-Claude Aghetti, président de la commission électricité de l'Union des industries utilisatrices d'énergie (Uniden), qui regroupe les 33 plus gros consommateurs d'électricité en France (industrie automobile, chimique, cimentiers, papetiers...)

Ce responsable devait s'exprimer, mardi 4 novembre, au cours d'un colloque organisé par la revue Passages et le Réseau de transport d'électricité (RTE), et auquel devait également participer Loyola de Palacio, la commissaire européenne à l'énergie et aux transports. M. Aghetti, qui est aussi acheteur d'énergie pour Pechiney, n'a pas l'intention de mâcher ses mots : "Nous avons le sentiment d'avoir affaire à un marché qui dysfonctionne complètement, expliquait-il au Monde lundi. En 1996, je négociais pendant six mois un contrat électrique, aujourd'hui, j'ai une demi-heure pour me décider ! Les prix ne veulent plus rien dire, ils sont fixés on ne sait comment par on ne sait qui, dans des salles de marché, selon des indices sur lesquels s'alignent tous les électriciens. C'est un peu comme si on était passé sous le régime d'un monopole européen !"

Tous ces événements alimentent le doute qui s'est levé quant aux bienfaits de la libéralisation du marché pour l'électricité. Déjà, d'aucuns soupçonnent les électriciens d'entretenir la pénurie pour faire monter les prix, comme cela s'était produit en Californie en 2001. "Dans au moins deux pays, Grande Bretagne et Italie, des capacités de production avaient été mises "sous cocon", constate l'observatoire européen de la libéralisation des marchés de l'énergie de Cap Gemini. En Angleterre, la forte baisse des prix de gros en 2003 (plus de 20 %) a incité des producteurs a mettre hors ligne certaines de leur centrales. En Italie, c'est l'autorité anti trust qui avait obligé Enel, en 2001-2002, à vendre (ou mettre sous cocon) certaines de ses centrales pour créer un marché concurrentiel sur l'approvisionnement." Mais après la panne de septembre, l'électricien italien va devoir rouvrir des unités peu rentables ou trop polluantes qu'elle avait fermées.

Pascal Galinier avec Antoine Jacob (à Stockholm) LE MONDE | 04.11.03 | 13h43






Une succession de pannes géantes

Californie (2000-2001)

De novembre 2000 à mai 2001, 38 jours de pannes et coupures d'électricité ont été enregistrés.

Côte Est des Etats-Unis et Canada (14 août 2003)

Près de 50 millions de personnes, notamment dans les Etats de New York, Ohio, Michigan et Ontario, ont été privées de courant, parfois pendant 36 heures. A New York, la panne a duré 29 heures.

Europe du Nord (août-septembre)

Peu après le "black out" américain, les lumières se sont éteintes à Helsinki (Finlande), suivie de Londres (Royaume-Uni) le 28 août. Puis, le 22 septembre, ce sont les réseaux de la région de Copenhague (Danemark) et du sud de la Suède qui sont tombés en panne.

Italie (28 septembre)

En une demi-heure à peine, l'ensemble du système italien de distribution d'électricité s'est éteint alors qu'était organisée à Rome la première "nuit blanche". Il a fallu jusqu'à douze heures pour rétablir le courant dans certaines régions. ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 05.11.03

"L'objectif est de parer les défaillances du marché"

Loyola de Palacio , la commissaire européenne chargée de l'énergie et des transports devait présenter, mardi à Paris lors d'un colloque sur l'énergie, ses propositions pour assurer la sécurité de l'approvisionnement en Europe.

Les "black out" qui sont survenus récemment, notamment en Italie, ne sont en aucune manière liés à la mise en place du marché intérieur de l'électricité. Au contraire, ces événements nous rappellent la nécessité d'achever ce marché intérieur et de mettre en place les infrastructures d'interconnexions nécessaires à son bon fonctionnement. (...) Notre ambition est de dépasser la simple juxtaposition des marchés nationaux libéralisés pour créer un marché intérieur totalement intégré. Il s'agit également de développer les échanges d'électricité, qui sont encore relativement limités, de l'ordre de 8 % de la production. (...)

L'objectif est de parer les défaillances du marché. (...) Ainsi, les États membres doivent prendre des mesures adéquates pour remédier au manque de capacités de production (...) si les signaux du marché n'incitent pas à investir. (...)

Je proposerai de déclarer d'intérêt européen les principales sections des projets prioritaires que nous avons identifiés dans les réseaux d'énergie. (...) Si nécessaire, un coordinateur européen pourrait être désigné pour les projets transfrontaliers les plus importants. (...) Le concept d'intérêt national doit être de plus en plus souvent remplacé par le concept d'intérêt européen, en raison de la forte interdépendance qui s'établit sur un tel réseau. Il est également envisagé que les régulateurs puissent demander à chaque gestionnaire de réseaux un plan annuel d'infrastructure.

Si le régulateur, après avoir pris l'avis de la Commission, estime le plan inadéquat, une obligation pourrait être imposée par les autorités compétentes au gestionnaire de réseau de présenter des projets supplémentaires. (...) La responsabilité principale pour ces développements est du ressort des Etats membres. La plus grande menace pour la sécurité d'approvisionnement résulte des procédures d'autorisation disproportionnées. (...) Si les décisions difficiles sur ces questions ne sont pas prises durant les prochaines années, les problèmes rencontrés en Californie apparaîtront progressivement en Europe. ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 05.11.03






En Californie, la dérégulation a tourné à la catastrophe

New york de notre correspondant

Si le gouverneur de Californie, Gray Davis, a été destitué le 7 octobre et a perdu les élections contre Arnold Schwarzenegger, il le doit pour une bonne part à la crise de l'énergie. Selon un sondage réalisé avant le scrutin pour le Los Angeles Times, 34 % des Californiens reprochaient à Gray Davis sa mauvaise gestion et 19 % spécifiquement les erreurs commises en matière d'énergie. Même s'il a mis longtemps à mesurer l'ampleur de la crise, M. Davis n'en était pourtant pas vraiment responsable. La Californie et son ancien gouverneur ont en fait été victimes d'une dérégulation catastrophique.

Dans les années 1990, le coût de l'électricité dans cet Etat était déjà supérieur de 50 % en moyenne à celui du reste du pays en raison notamment d'une législation plus contraignante en matière d'environnement. Sous l'impulsion du gouverneur républicain Pete Wilson, le prédécesseur de M. Davis, le Parlement de Californie a pris en 1996 la décision à l'unanimité d'ouvrir ce marché d'alors 23 milliards de dollars à la concurrence. "La réforme était tellement mal conçue qu'elle a eu pour conséquences un doublement des factures et, dans le même temps, une multiplication des coupures de courant faute d'une production suffisante. La Californie, la cinquième puissance économique mondiale, s'est trouvée en 2000 et en 2001 dans une situation pas très différente de celle de Bagdad après la chute de Saddam. La dérégulation a créé un monstre", explique Harvey Rosenfield, de la Fondation pour les droits des consommateurs et des contribuables à Santa Monica.

Jusqu'en 1996, les producteurs privés d'électricité - Pacific Gas & Electric, Southern California Edison et San Diego Gas & Electric - possédaient à la fois les centrales et les réseaux de distribution. Dans l'intention de mettre fin à leur monopole, la loi les a contraints à séparer totalement les deux activités. Jusqu'à ce que les groupes aient vendu l'ensemble de leurs unités de production, les tarifs pour les consommateurs étaient bloqués, et un grand marché de vente aux enchères de l'électricité, appelé "Power Exchange", a été créé. Les distributeurs venaient s'y approvisionner jour par jour et même heure par heure. Aujourd'hui, le "Power Exchange" a été fermé.

Les législateurs californiens n'avaient pas mesuré qu'avec la rapide croissance économique liée notamment alors au boom de l'Internet la demande d'électricité allait rapidement augmenter. Avec le système mis en place, les producteurs n'avaient pas grand intérêt à développer des capacités supplémentaires qui auraient fait baisser les prix sur le "Power Exchange". Tout était réuni pour une catastrophe. Les cours de l'électricité sur le marché de gros se sont envolés et les distributeurs étaient incapables de les répercuter, car les tarifs étaient bloqués.

Leurs pertes ont atteint des milliards de dollars, non seulement parce que l'offre était insuffisante, mais aussi parce que les producteurs et certains intermédiaires peu scrupuleux comme Enron ou Reliant Resources manipulaient le marché pour faire monter les prix. Ainsi, des centrales étaient fermées, prétendument pour des opérations de maintenance, quand la demande atteignait des sommets.

Paul Joskow, responsable du groupe d'études sur la politique énergétique du Massachusetts Institute of Technology, et plusieurs autres experts estiment qu'au moins un tiers de la hausse des prix de l'électricité en Californie est directement liée aux manipulations du marché. L'autorité fédérale de régulation de l'énergie est parvenue à une conclusion similaire dans un rapport publié en octobre : "Des entreprises ont menti sur le prix du gaz naturel, établi des stratégies commerciales malhonnêtes sur l'électricité et grossièrement surfacturé la Californie quand les ressources en énergie étaient faibles. Le résultat a été dix-huit mois de chaos."

HAUSSE DES PRIX DE 200 %

La crise est seulement devenue apparente pour le grand public en 2000. San Diego Gas & Electric est alors devenue la première entreprise d'énergie à remplir les conditions fixées par la loi en ayant vendu toutes ses unités de production, et donc a retrouvé la possibilité d'augmenter ses tarifs. Du jour au lendemain, ses 1,2 millions de clients ont vu leur facture d'électricité s'envoler de 200 %. Pendant l'été 2000, les coupures de courant se sont multipliées dans tout l'Etat, l'échec de la dérégulation est devenu patent.

Quand la plupart des distributeurs sont devenus insolvables au début 2001, l'Etat de Californie a été contraint lui-même d'acheter le courant. En avril 2001, Pacific Gas & Electric a déposé son bilan, laissant plus de 9 milliards de dollars de dettes. La Californie a dépensé 42 milliards de dollars en 2001 pour assurer à long terme l'approvisionnement de l'Etat. Des contrats qui se sont révélés incroyablement coûteux quand les prix de l'électricité sont repartis à la baisse. La récession de 2001 a réglé comme par enchantement les problèmes d'insuffisance de l'offre. Il n'y a plus eu de coupure de courant depuis mai 2001. Mais la Californie se trouve dans une situation financière désastreuse, et Gray Davis a été destitué. Cela n'était pas arrivé à un gouverneur aux Etats-Unis depuis plus de soixante-quinze ans.

Eric Leser LE MONDE 04.11.03






Une nouvelle loi sur l'énergie

Afin d'éviter que les questions d'énergie ne s'immiscent dans le prochain débat électoral, l'administration Bush fait pression sur le Congrès pour qu'il vote, avant fin décembre, une nouvelle loi. Ce texte, qui est loin de faire l'unanimité, fixe les priorités de la politique énergétique des Etats-Unis pour les prochaines années. Il comprendrait notamment 20 milliards de dollars (17 milliards d'euros) d'aides diverses à l'industrie nucléaire et au développement de nouvelles formes d'énergie. Près de 2 milliards de dollars devraient être également consacrés à un projet de voiture à hydrogène. Enfin, la loi doit fixer le cadre de la réforme du marché de l'électricité et lancer les investissements de modernisation du réseau à haute tension. - (Corresp.) ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 05.11.03






Après dix ans d'affrontements, la concurrence britannique s'est peu à peu assagie

Londres de notre correspondant

En une dizaine d'années, le marché britannique de l'énergie - électricité et gaz - a vécu une évolution en accordéon. Entre le début de sa privatisation en 1990 et sa libéralisation complète en 1999, il fut le théâtre d'une forte déconcentration dans un contexte de concurrence acharnée. Depuis, il s'est peu à peu assagi : le secteur s'est de nouveau concentré tandis que sa clientèle devenait moins volage.

En Grande-Bretagne, la structure du marché est duale : les activités de réseau - transport et distribution - opèrent en monopoles naturels ; la production et la commercialisation vivent en pleine concurrence. A l'échelle du pays, la compagnie National Grid a l'apanage du transport. Au niveau régional, les distributeurs - 14 en 1990, 8 aujourd'hui - transportent l'énergie depuis les points de livraison nationaux jusqu'aux clients. Ils possèdent les lignes qu'ils exploitent.

Depuis 2001, distribution et commercialisation sont totalement séparées, à la différence du système français. Le fournisseur s'approvisionne sur le marché de gros, vend son énergie et fixe ses prix en fonction de ses frais et de sa marge. Un régulateur, l'Ofgem, qui regroupe une centaine d'experts, veille au bon fonctionnement du secteur. Il contrôle les revenus des activités de monopole et promeut la concurrence des autres. Il scrute certains prix, protège le consommateur, traite les plaintes et dispose d'un pouvoir de sanction financière.

En Grande-Bretagne, le gaz est la principale source d'électricité (40 %), avant le charbon (30 %) et le nucléaire (22 %), le reste étant d'origine pétrolière et renouvelable. Sept compagnies assurent 60 % de la production, aux côtés d'une kyrielle de petites indépendantes.

Le marché de gros fonctionne depuis 2001 sous l'égide du NETA, une Bourse qui gère en temps réel l'équilibre offre-demande. En instaurant une plus grande transparence, cet organisme a rendu le marché plus volatil et fait baisser les prix que les grands producteurs maintenaient artificiellement trop élevés.

LA STRATÉGIE D'EDF ENERGY

Depuis 1999, le prix de gros de l'électricité a baissé d'environ 30 %, et de 17 % au détail. Il est aujourd'hui à peu près le même qu'en France, pour les ménages et les PME, et légèrement inférieur pour les industriels. Cette baisse du coût de l'énergie explique en partie la grave crise financière qui a frappé, il y a un an, British Energy (BE), l'opérateur nucléaire, privatisé en 1996, et qui exploite huit centrales. Les prix, quoique en hausse ces derniers mois, sont trop bas pour assurer la viabilité de nouvelles centrales nucléaires, dans une industrie en situation de surcapacité.

Soucieux d'assurer la continuité de la production et de garantir la sécurité des centrales, le gouvernement a sauvé BE de la faillite. Mais cette opération de secours pour raison d'Etat renforce la conviction des opérateurs, qui jugent désormais trop risqué de se cantonner à un seul métier de la chaîne.

C'est notamment le point de vue d'EDF Energy, l'un des principaux bénéficiaires de la libéralisation du secteur. Adepte de "l'intégration verticale", l'électricien français a choisi d'être présent sur les deux marchés, régulé et non régulé. "Nous sommes à la fois producteurs, fournisseurs et distributeurs d'énergie", souligne Vincent de Rivaz, directeur général du groupe. La distribution apporte des revenus réguliers à l'entreprise, et l'intégration des trois activités rend les fluctuations de marge moins imprévisibles sur les marchés ouverts de la production et de la commercialisation.

Cela supposait d'atteindre une taille critique, mission accomplie en quatre ans, depuis l'acquisition, en 1999, de London Electricity (rebaptisé London Energy), le réseau qui dessert le Grand Londres, jusqu'au rachat en 2002 du distributeur Seeboard.

Aujourd'hui, EDF Energy est le 5e producteur, avec 3 centrales et 7 % du marché, le 1er distributeur, avec 3 réseaux contigus (sur 14) desservant 26 % de la population, et le 4e fournisseur, avec 5 mil- lions d'abonnés (15 % du marché d'électricité, 5 % de celui du gaz). EDF Energy produit la moitié de l'énergie qu'il distribue, emploie 11 300 personnes, représente 10 % du groupe EDF et le quart de son résultat net final.

Epinglée et condamnée en 2002 pour certaines méthodes de vente illégales, l'entreprise a fait le ménage dans ses services commerciaux et se targue de ne plus recevoir aucune plainte. C'est un signe parmi d'autres de l'apaisement du marché. Depuis 1999, plus d'un client sur trois a changé de fournisseur, mais cette inconstance s'émousse. "Le papillonnage laisse la place à la fidélité", conclut Vincent de Rivaz.

Jean-Pierre Langellier ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 05.11.03






L'Italie s'interroge sur la relance du nucléaire

Après le "black out", le gouvernement veut accélérer la libéralisation.

Rome de notre correspondant

Les Italiens l'appellent le "décret anti-black out", comme si le texte de loi voté le 22 octobre avait des vertus magiques, en particulier celle d'empêcher que la panne géante du 28 septembre ne se reproduise. Cet incident, qui a paralysé le pays pendant de longues heures, a permis au ministre de l'industrie, Antonio Marzano, de réactiver son projet de loi, en sommeil depuis plusieurs mois au Sénat, et de le faire adopter dans l'urgence.

Le texte prévoit de faciliter la construction de nouvelles centrales thermiques et de réseaux de transport de l'énergie en les déclarant d'utilité publique. En cas d'opposition locale, notamment pour des raisons écologiques, le dernier mot appartiendra à une commission Etat-région. Simultanément, les réseaux de distribution de l'électricité (GRTN) et du gaz (SNAM) seront unifiés et progressivement privatisés. La participation maximale autorisée pour un même actionnaire sera de 20 % du capital au 1er juillet 2007.

Pour la construction de nouvelles lignes d'interconnexion avec l'étranger, qui avaient fait défaut lors de la panne, le gouvernement italien espère attirer les investisseurs par une série d'aides, notamment fiscales. Les consommateurs, qui paient très cher une électricité importée à 17 % et qui n'ont pas encore ressenti les effets de la récente privatisation du marché du gaz, espèrent bénéficier d'une baisse des prix avec la création, envisagée début 2004, d'une "Bourse électrique".

EDF "PARTENAIRE STRATÉGIQUE"

Cette politique de libéralisation et d'ouverture rend incongru le décret adopté en 2001 spécialement pour bloquer l'entrée d'EDF sur le marché italien. Le groupe public français, qui détient directement 2,37 % d'Edison et 18 % d'Italenergia Bis (propriétaire à 61,95 % d'Edison), avait vu alors ses droits de vote gelés à 2 % dans Italenergia Bis."Nous n'avons pas l'intention d'acheter 100 % d'Edison, mais notre objectif est d'exercer le rôle de partenaire stratégique", a expliqué François Roussely, PDG d'EDF, dans un entretien au quotidien Il Giornale, mercredi 29 octobre, après avoir rencontré le ministre Antonio Marzano.

En échange, a laissé entendre M. Roussely, le producteur italien d'électricité Enel pourrait participer à la mise au point de la nouvelle génération de réacteurs nucléaires EPR que lance la France avec Areva et Siemens (Le Monde du 10 octobre). Une perspective que Piero Gnudi, président de l'Enel, appelle de ses voeux : "Nous avons déjà perdu trop de temps." Pour lui, le référendum de 1987, qui avait amené l'Italie à renoncer à la filière nucléaire, n'empêche pas de travailler sur un tel prototype.

Le thème de l'énergie nucléaire comme complément de la production intérieure d'électricité n'est plus tabou en Italie, même si les hommes politiques évitent encore de l'aborder explicitement. Le ministre Antonio Marzano - qui ne serait pas contre le nucléaire - a laissé Claude Mandil, le patron de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui était son invité le 30 octobre, plaider pour une diversification énergétique : "L'Italie devrait évaluer la possibilité de relancer un débat public sur l'option nucléaire à la lumière des défis présents et futurs de la politique énergétique", affirme le dernier rapport de l'AIE.

Jean-Jacques Bozonnet ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 05.11.03








Exemple 2

Sous le titre :
"Renationalisation partielle des chemins de fer britanniques.
Fini de dérailler ? "

'' Vous vous souvenez de The Navigators, ce film de Ken Loach sur des cheminots anglais déboussolés, où l'on a découvert avec effarement l'incurie du gouvernement travailliste en matière ferroviaire ? Le réalisateur disait et montrait tout : comment, après la privatisation hâtive des chemins de fer britanniques par le gouvernement Major en 1996, la maintenance du réseau avait été confiée à une kyrielle de petits sous-traitants privés qui n'y connaissaient rien. Faisaient des économies sur tout, la formation, le matériel et la sécurité de leurs employés. Ken Loach avait prévu qu'à ce train-là, les accidents meurtriers n'allaient pas se faire attendre...Personne ne l'a écouté, ou plutôt personne ne l'a entendu. En Grande-Bretagne, The Navigators n'est jamais sorti en salles, juste diffusé à la va-vite sur Channel 4. Aujourd'hui, des années après les tragédies de Potters Bar et de Hatfield, le gouvernement de Tony Blair a décidé de centraliser la maintenance du réseau au sein d'une seule société, publique, Network Rail. Une quasi (re) nationalisation. Mais une bien triste victoire. Car si la sécurité retourne désormais dans l'escarcelle d'une seule société publique, le réseau, lui, continue à être exploité par des opérateurs privés, qui n'ont jamais investi un penny dans sa modernisation.''

Agnès Catherine Poirier°2808 du 5 novembre 2003 du magazine Télérama, à la rubrique " Signes du temps ".

A bientôt


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